LA FÊTE À GILLES

Emile Gardaz présente la fête:

Epalinges, 1975.

Gilles avait sa fête qui est depuis si longtemps la nôtre. Jack (ndlr: Rollan) avait trop de choses sur le cœur, côté lumière, pour les cacher ce jour-là,

C'était entre mai et juin, un soir plein d'orages coupant les lignes téléphoniques, retardant les trains. Pourtant le bateau de la scène d'Epalinges prit la mer, poussé par le bon vent de l'amitié et de la reconnaissance.

La traversée fût un moment que les cap-horniers ne renieraient pas. Tempête d'émotion. Cour et jardin n'existaient plus. Les vagues de la tendresse emportaient tout: les plans les mieux établis, les minutages, les horaires radiophoniques.

J'entends encore Jack, dans la pénombre d'une coulisse où il tremble souvent, avouer que Gilles l'a conduit sur le chemin des planches:

Sans mentir, ça fait des centaines et des centaines de fois que j'ai pris mon Coup de Soleil. J'y étais tous les soirs.

Entre nous, la face de ce disque réunissant Jack Rollan et son complice Julien-François Zbinden a coûté beaucoup d'efforts et d'heures de répétition. L'amour n'a pas de prix.

C'est la faute à Gilles, dit Jack. Il nous a appris la rigueur, la recherche du mot unique qui éclate comme un lever de soleil.

L'autre face, c'est Gilles. Le grand qui répond, avec des mots d'enfant même pas prodige. Il nous a donné l'usage de l'homme. Il fallait Jack pour nous en apprendre un peu plus sur la vraie piété filiale.

Emile Gardaz
(in dos de couverture du LP "Ainsi soit Gilles!", hommage de Jack Rollan aux 80 ans de Jean Villard-Gilles, enregistré à Epalinges)